mercredi, septembre 27, 2023
Réflexions/Interviews

Entre fêtes et attentats, quels liens promouvoir entre chrétiens et musulmans?

Ce 24 juin, les croyants musulmans ont fêté l’Aïd-el-Fitr, la fin du Ramadan, tandis que cette année, la fête du sacrifice aura lieu le jour de la rentrée scolaire, le 1e septembre. Entre les deux dates, on ne manquera pas de rappeler dans l’actualité le 1e anniversaire du martyr du père Jacques Hamel, assassiné le 13 juillet 2016 par deux terroristes dans l’église de son village de Normandie, pendant qu’il célébrait la messe.

Chrétiens et musulmans, nous habitons les mêmes villes, les mêmes quartiers. Face aux évènements qui apportent le malheur aux    couleurs islamistes, que devons-nous faire?

Accueillir ou pas ?

De plus en plus souvent, on l’entend, le doute touche des chrétiens : devons-nous entretenir des liens avec des croyants musulmans ou bien les éviter ? Devons-nous prôner le dialogue ou au contraire nous méfier ? Et beaucoup raconte les anecdotes de telle réaction de mépris ou de harcèlement, de tel incident de voisinage, de telle parole agressive dans une classe ou sur le lieu de travail. Ne devons-nous pas résister en affirmant fortement nos convictions et nos droits, luttant pied à pied pour défendre notre identité et notre histoire, contenant au maximum l’expression publique de la foi musulmane ?

Chrétien, une identité ouverte

Rien n’est simple et certainement, dans le concret, les décisions peuvent prendre des directions diverses, selon les circonstances et les sensibilités. Mais au cœur de l’identité chrétienne, nous avons ces convictions : Dieu Créateur est le Père de tous les humains ; nous sommes appelés à aimer notre prochain, et à aimer même nos ennemis ; Dieu guide l’histoire du monde, il nous parle et il nous sauve à travers ceux-là même qui nous sont étrangers, comme Ruth ou le roi Cyrus dans l’Ancien Testament, la Samaritaine ou le centurion romain dans l’Evangile. Par vocation divine, le chrétien est homme ou femme d’ouverture et de relation.

L’Eglise engagée depuis plus de 50 ans

Cette année comme depuis 50 ans, le Cardinal Tauran, président du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux a publié son message de vœux adressé à la communauté musulmane à l’occasion de la fin du Ramadan. Avec la déclaration Nostra Aetate du Concile Vatican II, l’Eglise catholique reconnait tout ce que les différentes religions portent de vérité et de bonté pour la marche du monde, et l’Eglise veille à promouvoir des liens cordiaux entre les croyants.

Roi Philippe, Pape François et Maison de quartier St-Antoine

Beaucoup dans le monde veulent promouvoir le vivre ensemble. Durant ce mois de juin, le Roi Philippe a participé à Gand à un repas de rupture de jeûne, en signe de reconnaissance pour les croyants musulmans de notre pays.

Le pape François dans une vidéo récente encourageait les fidèles au dialogue et à l’amitié entre les croyants des différentes religions.

Et avec plusieurs responsables des communautés brésilienne et francophone de la paroisse St-Antoine, nous avons nous aussi répondu à l’invitation de la Maison de quartier St-Antoine voisine de l’église, entretenant ainsi des liens de voisinage modestes mais cordiaux.

La puissance de Dieu

En France, paradoxalement, le martyre du Père Hamel a suscité des liens nouveaux entre acteurs chrétiens et musulmans, petits signes d’espérance pour l’avenir. Comme le déclarait le théologien Mohammed Bajrafil, ‘il ne s’agit pas d’effacer nos différences, mais de faire accepter l’idée que nous pouvons chacun penser avoir raison, et laisser ensuite le soin à Dieu de nous départager’.  A Bruxelles aussi, n’ayons pas peur : nous les chrétiens, soyons au quotidien bâtisseur de ponts et artisans de paix.

Abbé Michel Christiaens