mercredi, septembre 27, 2023
Réflexions/Interviews

Abattage rituel: Chrétiens, en quoi sommes-nous concernés ?

Fête du Sacrifice et nuit pascale

Le 1e septembre, la communauté musulmane a fêté la fête de l’Aïd, la plus importante fête musulmane. Elle commémore la foi d’Ibrahim qui a accepté de sacrifier son fils unique Ismaël, avant que l’ange Jibril envoyé par Dieu lui donne un mouton pour le substituer à l’enfant. A l’image d’Ibrahim prêt à sacrifier ce qui lui est le plus cher, le musulman doit être prêt à tout sacrifier pour Dieu.

Chrétiens, nous lisons dans le Premier Testament un récit analogue, proclamé durant la nuit de Pâques. Abraham, Isaac et l’ange Gabriel évoquent le don que Dieu fait de son fils Jésus, et la foi jusqu’au sacrifice qui doit habiter tout chrétien. ‘Dieu pourvoira’ dit Abraham à Isaac qui s’étonne de ne pas voir d’agneau. Et en effet, par l’Ange, Dieu pourvoit et donne le mouton du sacrifice.  Dans notre vie aussi, jour après jour, Dieu pourvoit. A travers l’épreuve de la foi, Abraham, Isaac et nous tous qui sommes leur descendance, nous trouvons une vie renouvelée.

Bien-être animal et liberté religieuse : une tradition mise en cause

Cette année pourtant, la célébration de la fête musulmane se trouve à nouveau perturbée par l’absence de mise en place par les pouvoirs publics des abattoirs mobiles qui permettent l’abattage selon les prescriptions religieuses.

Deux valeurs entrent en conflit : d’une part le bien-être animal et d’autre part, la liberté religieuse. Chrétiens, nous ne connaissons pas la pratique de l’abattage rituel, au contraire des communautés juive et musulmane. Mais le bien-être animal comme la liberté religieuse nous concernent au premier chef.  Ces deux valeurs ne se situent pas sur le même plan. Elles doivent pouvoir être conciliées.

Déclaration du Cardinal De Kesel et des responsables des cultes chrétiens (à retrouver sur notre site www.upsaintgilles.be)

Dans les trois régions du pays, la législation s’apprête à interdire l’abattage rituel sans étourdissement, alors que jusqu’alors l’exception religieuse était prise en compte.

Le Cardinal De Kesel et les représentants des cultes chrétiens reconnus ont publié en mai dernier une déclaration interpellant les pouvoirs publics sur le sujet. Car sous couvert de bien-être animal, on risque bien de s’en prendre dans les faits au principe fondamental de la liberté religieuse. Dans notre Europe occidentale, la place des religions n’en finit pas d’être interrogée. La question est celle de la hiérarchie et de l’articulation de nos valeurs.

Forest et St-Gilles, musulmans, juifs et chrétiens : une belle initiative pour travailler le vivre ensemble

L’asbl El Ihsane animée par de jeunes trentenaires musulmans de nos quartiers et basée dans le quartier St-Antoine au carrefour de nos 2 unités pastorales, en association avec la mosquée El Hikma, a pris la belle initiative de réunir une juriste, un vétérinaire, un représentant de la communauté juive, un iman et un prêtre de l’Eglise catholique voisine pour réfléchir au sujet. Ainsi concrètement, dans le tissu de nos quartiers, l’avenir de notre ville et de notre société se construit. Les croyants des diverses religions y prennent une part décisive, et nous pouvons nous en réjouir.

Michel Christiaens